2 sept. 2012

C'était il y a deux mois, le samedi 30 juin.


C'était il y a deux mois, le samedi 30 juin.

Je zappais sur la trois alors que le générique défilait sur le visage souriant de Nagui. C'était le journal télévisé. J'allais changer de chaîne à nouveau, puisque le départ de Laurent Blanc du poste de sélectionneur de l'équipe deFrance m'intéressait autant que la vie trépidante d'un oursin albinos et paraplégique, quand la présentatrice, le regard bleu figé dans celui du téléspectateur se mit à parler de mariage et d'adoption pour tous. Soudain ce fut le tilt. Pris par mes travaux dans la maison et la cuisson médiocre de mes gâteaux, j'avais complètement oublié que c'était la Gay Pride à Paris. Au fond, ce n'était pas si grave puisque je n'y allais pas et que de toute façon, le train coûte trop cher.



Entre robe de mariée, maquillage de camion volé et slip moulant remuant au rythme effréné de la musique, les participants défilent. Le reportage a annoncé une ambiance particulière, sans doute en raison de l'annonce de l'autorisation du mariage homosexuel pour le premier trimestre 2013. Deux trois interviews, des mots et des voix différentes mais un même message : « Enfin ! ». Sur le petit écran de mon salon défilent des sourires, des cris de joies sans pour autant oublier les inquiétudes. Le cortège de l'homoparentalité, composé de couples avec leurs enfant équipé de casques de chantier pour ne pas subir la cacophonie environnante, doit être celui qui m'a le plus touché. Au fond c'est pour ça qu'ils défilent. Mais ce n'est pas la joie qu'on entend dans la voix de cette femme qui pousse sa fille mais plutôt l'inquiétude, l'attente de la réalisation des promesses. Au fond de moi, sans le dire, j'espère que son souhait sera exhaussé. Le reportage se termine sur l'esprit de fête, un homme peu vêtu danse en collé-serré avec un autre puis finalement c'est l'image d'un jeune homme et d'une jeune fille souriante qui s'embrassent qui clos le tout.

La présentatrice, tout en dansant sur sa chaise, enchaîne sur les vacances et très, comme d'habitude, je me lasse de l'écran. Alors j'éteins mais ne bouge plus. Je réfléchis encore à ce que je viens de voir. Je ne sais vraiment plus quoi en penser. Comme la plupart des gens, j'ai des amis qui sont concernés par cette marche, je pense d'ailleurs qu'ils y étaient. Pour eux j'ai envie qu'ils soient heureux et finissent par obtenir ce qu'ils veulent. Oui mais justement, qu'est-ce qu'ils veulent ? À cette question, la réponse qui me vient automatiquement est « le mariage ». Du mariage découle sans aucun doute possible l'adoption. Ah ? Je n'en suis pas si sûr. Je n'aurai pas dit le mariage en premier moi. Le respect et la reconnaissance me semblerait une meilleure réponse. Il faudra que je leur en parle un jour. C'est bizarre mais j'ai l'impression que même avec eux, on en parle pas. On en parle jamais en fait, sauf peut-être quand il se passe quelque chose, comme la Marche des Fiertés ou l'élection présidentielle puisque le sujet était pour certain l'élément décisif de leur vote.

Le slogan de cette manifestation était « 2012, l'égalité n'attend plus ». Mais au fond de quelle égalité parlons-nous ? Il y a le mariage, certes, mais il me semble que ce n'est pas ce qui est le plus important aujourd'hui. Pour moi, le mariage c'est avant tout le moyen de faire reconnaître l'existence de familles pas comme les autres, c'est pouvoir protéger son compagnon, ou sa compagne en cas de problème de santé ou ne serait-ce que lui accorder le droit de visite à l'hôpital. Car oui, aujourd'hui les homosexuels ne peuvent pas avoir d'information sur leur conjoint s'il est admis à en hospitalisation pour la simple est bonne raison qu'ils ne seront pas considérés comme de la famille, et ce peu importe le nombre d'années, de mois ou de jours passés ensembles. Récemment encore, une illustratrice que j'observe du coin de l'oeil, disait sur Twitter :




Je repense alors à ces couples qui défilaient avec leurs enfants. Les pauvres. Pauvres qui ? Pauvres mamans, pauvres papas, pauvres bébés. Avant de voir des homosexuels, j'ai vu des familles et de l'amour. On pourrait facilement les critiquer, les rejeter, les insulter, mais j'ai lu un jour ce conseil qui disait :« assied-toi tranquille, réfléchis, fais un plan »1 (dans le cas présent, Bagheera suggérait à son ami Baloo de ne pas se précipiter à la poursuite de Mowgli qui avait été enlevé par les singes sans foi ni lois). Mais que ce soit pour le mariage homosexuel, pour sauver un ami dans le pétrin ou même pour se lancer dans la vie c'est un conseil, une sagesse de jungle que je vous invite à prendre en considération. Pesez vos mots, prenez le temps de réfléchir à ce que vous pourrez dire, aux conséquences que de simples sons peuvent provoquer. Dans ce genre d'aventure, essayez de vous souvenir que vous n'êtes pas seul et qu'une seule de vos actions peut blesser un grand nombre de personne.


1 Le Livre de la Jungle, La chasse de Kaa (R. Kipling)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire