25 oct. 2012

Des correspondances épistolaires et des Hommes


B. ,

Je ne sais pas pourquoi je t'écris, mais je le fais. Pourquoi toi ? Je ne sais pas non plus. Cela aurait pu tomber sur n'importe qui mais le hasard, ou la malchance, a voulu que ce soit toi.
L'envie d'écrire m'avait été inconnue jusqu'alors, mais je voulais que quelqu'un me lise, un adversaire pour débattre, un concurrent pour gagner, quelqu'un pour une réponse... .

Je suis blasé, B. . J'ai observé les Hommes pendant de longues années et ils me dégoûtent. Les femmes sont futiles, les hommes pas tellement plus subtils. Il n'y a pas de sujets qui les intéressent s'il ne peuvent pas parler d'eux-même. Parler de soi, de tout, et surtout de rien. Ils m'ont blasé, et j'en suis fatigué. Tellement fatigué qu'écrire ton nom, au delà du dégoût et de la répugnance qu'il m'inspire, me lasse.

Te nommer « B. » me plaît, à vrai dire. C'est une belle lettre le B, et elle te correspond à merveille. Toujours deuxième. Derrière Van Heinerts pour la stupide avidité de pouvoir, derrière Ferts pour la brutalité du sport, dont la pratique, bien que violente, m'évoque une certaine poésie. Ironique dans ce monde où l'on passe nos journées à prôner la paix, enfin pour la plupart, les autres en somme.

À ce propos, je pense qu'Hitler est guidé d'une idée restreinte et erronée. Certes il faut épurer cette société fanée. Oui la violence est le seul moyen de faire bouger les choses. Mais ce n'est pas des juifs et des non-aryens dont il faudrait s'occuper, mais bien des idiots, des inutiles et de tous ces boulets qui entachent l'image de l'Homme et qui nous font passer pour les bêtes ridicules et affreuses que nous sommes. Si les créatures de la forêt pouvaient parler, elles nous montreraient combien nous sommes stupides et superflus.

J'ai perdu foi en l'homme. Je me dégoûte quand je vois ce reflet vide de sens dans les ondulations innocent d'un lac suisse au clair de lune. Il n'est pourtant pas question de dépression ou de santé mentale défectueuses, mais bien d'observation. La mort est loin d'être un option, du moins pour ma personne.

À chaque heure ce n'est pas une foule d'élèves que l'on croise dans les couloirs. Ce sont des moutons, des bœufs, attirés par la faim, la soif de connaissance pour les moins stupides. Mais c'est surtout l’endoctrinement social qui les motive.

Je suis pourtant calme, je me vois ainsi. Et pourtant cette vague quotidienne de cerveaux vides sur leurs pattes folles me donne des envies de massacres, de hurler après eux, de les réveiller. J'ai envie de les aider, au fond de moi. C'est plus ou moins la seule part d'humanité qu'il me reste... Autrement, les tuer serait bien plus simple et plus rapide.

Dis-moi, B. , sommes-nous donc tous destinés à mourir avant d'avoir appris à vivre ? Pourquoi sommes-nous impuissants face à la bêtise du monde alors que nous pouvons tous faire ?

Je ne t'en voudrais pas si tu ne lis pas, tu pourrais bien mourir que je n'en aurai rien à faire. Seulement, j'ai décelé en toi la dernière lueur d'espoir de notre société. Tu n'es pas si fou, Barthold. Tu n'es pas le dernier de ces moutons, le plus idiot de ces bœufs. Tu sais faire la part des choses. Alors réfléchis-y un peu, histoire de remonter le niveau.

Niegalz

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