12 mars 2012

Entre deux temps


J’ai été confronté à quelque chose de nouveau aujourd’hui. Ce n’était pourtant pas un truc dont j’ignorais l’existence ; j’en savais la place que ça prenait aujourd’hui, les combats qui sont encore menés… et pourtant ça continu à me sidérer. Je me demande dans quel monde je suis tombé, qui sont c’est gens qui m’entourent, pourquoi font-il ça ? Tant de questions, si peu de réponses.

« Il était une fois… » Quelle belle façon de commencer une histoire. Mais je ne vais pas le faire. Parce que ce n’est pas mon histoire, ni celle d’un autre. C’est l’histoire de personne. C’est une histoire sans temps, sans lieu, sans nom.
            C’est une histoire universelle.

            Il y a un jeune adolescent entre deux temps. Ni trop jeune pour être écouté, ni trop vieux pour être entendu. Juste un jeune adolescent qui est sur le chemin du lycée l’air de rien peint sur son visage innocent. Si je devais le décrire, je dirais qu’il n’est pas très grand, tapant dans les un mètre soixante, soixante-cinq touts au plus. Il a des cheveux châtains qui tirent vers le clair au soleil et qui lui tombent sur le front dans une vague souple jusqu’au haut de ses grands yeux gris. Ah oui, c’est une tapette.
            Il n’avait pas conscience de ce que ce mot impliquait, ou pouvait bien signifier dans ce cas là, jusqu’à ce qu’on l’appelle comme ça, pour ne pas dire insulter. C’était un de ses camarades de classe, le stéréotype de la brute en puissance, qui l’avait affublé de ce surnom, dont l’usage avait été repris par tant d’autre. Il n’y répondait pas, baignant dans son innocence. Alors on le lui disait à nouveau. On le lui répétait encore et encore, et comme un lavage de cerveau, il s’y est conformé.
            On le lui a dit, on le lui disait, alors il l’est devenu. Il est ce qu’on attend de lui. Enfin, c’est ce qu’il pensait.
            En réalité, il ne se connait pas. Il ne sait pas qui il est. Lorsque quelqu’un lui dit qu’il est quelque chose, il devient ce quelque chose. Il ne peut pas être lui-même car il ne sait pas ce que c’est qu’être soi-même ; personne ne le lui a jamais demandé.
            Mais quand on lui demandait qui il était, il répondait ce qu’il savait, ce qui se disait entre tous : qu’il était ce qu’il était devenu : tapette. Il se pensait ainsi, et se vivait ainsi. Et il le faisait bien.
            Revenons-en à notre jeune adolescent entre deux temps en route pour le lycée.
            Il tourna au coin de la rue et se retrouva face à quatre hommes qui lui semblaient bien peu aimables. L’un d’eux, dont la présence en faisait le chef du groupe, s’approcha.

-          C’est toi la tapette ? rugit-il alors.
-          Oui, répondit le jeune adolescent avec l’honnêteté rare qui le caractérisait.
-          Et t’en es fier ? gronda un autre

Un coup partit. L’adolescent tomba au sol sous la force du poing. La lèvre fendue, il se redressa sans broncher, ramassa son sac et voulut reprendre son chemin sans un mot.

-          Où tu crois aller, ma belle ?
-          J’ai cours bientôt… souffla-t-il simplement.
-          Quel dommage, il ne faudrait pas que tu sois en retard.

Alors ils le laissèrent passer sans embrouilles et le jeune adolescent entre deux temps pu assister à son cours sans retard. FIN.
            Si seulement….

            La voix grave était lourde de sarcasmes. L’adolescent fut retenu en arrière par la lanière de son sac. Au sol, il encaissa les coups de pieds autant qu’il pouvait. Des larmes coulaient le long de ses joues. Il avait mal ; quoi d’étonnant ? Son bras et ses jambes le faisaient souffrir. L’un des hommes saisit une barre qui trainait là et frappa. Un « crac » sec indiqua que le poids de son corps sur la jambe de l’enfant l’avait brisée.
            Bientôt il ne ressemblait plus à rien, ni personne. Un dernier coup de pied lui défonça le crâne au niveau du visage. La chaussure pénétra dans sa tête comme on écrase une pomme de terre.
            Ainsi partit un adolescent entre deux temps qui était simplement comme on l’attendait dans un monde intolérant, cruel et sans pitié.

Quand j'en ai entendu parler, je n'ai pas tout compris au premier abords. On m'a dit que c'était de sa faute à lui s'il était mort, qu'il jouait sur la provocation. Mais qui est le coupable ici ? Doit-on punir le monstre, ou ceux qui l'ont créé ? "L'homme est-il un monstre ou le monstre un homme ?"

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