J’ai été confronté à quelque
chose de nouveau aujourd’hui. Ce n’était pourtant pas un truc dont j’ignorais l’existence ;
j’en savais la place que ça prenait aujourd’hui, les combats qui sont encore
menés… et pourtant ça continu à me sidérer. Je me demande dans quel monde je
suis tombé, qui sont c’est gens qui m’entourent, pourquoi font-il ça ? Tant
de questions, si peu de réponses.
« Il était une fois… » Quelle belle façon de commencer une
histoire. Mais je ne vais pas le faire. Parce que ce n’est pas mon histoire, ni
celle d’un autre. C’est l’histoire de personne. C’est une histoire sans temps,
sans lieu, sans nom.
C’est une
histoire universelle.
Il y a un
jeune adolescent entre deux temps. Ni trop jeune pour être écouté, ni trop
vieux pour être entendu. Juste un jeune adolescent qui est sur le chemin du
lycée l’air de rien peint sur son visage innocent. Si je devais le décrire, je
dirais qu’il n’est pas très grand, tapant dans les un mètre soixante,
soixante-cinq touts au plus. Il a des cheveux châtains qui tirent vers le clair
au soleil et qui lui tombent sur le front dans une vague souple jusqu’au haut
de ses grands yeux gris. Ah oui, c’est une tapette.
Il n’avait
pas conscience de ce que ce mot impliquait, ou pouvait bien signifier dans ce
cas là, jusqu’à ce qu’on l’appelle comme ça, pour ne pas dire insulter. C’était
un de ses camarades de classe, le stéréotype de la brute en puissance, qui l’avait
affublé de ce surnom, dont l’usage avait été repris par tant d’autre. Il n’y
répondait pas, baignant dans son innocence. Alors on le lui disait à nouveau. On
le lui répétait encore et encore, et comme un lavage de cerveau, il s’y est
conformé.
On le lui a
dit, on le lui disait, alors il l’est devenu. Il est ce qu’on attend de lui. Enfin,
c’est ce qu’il pensait.
En réalité,
il ne se connait pas. Il ne sait pas qui il est. Lorsque quelqu’un lui dit qu’il
est quelque chose, il devient ce quelque chose. Il ne peut pas être lui-même
car il ne sait pas ce que c’est qu’être soi-même ; personne ne le lui a
jamais demandé.
Mais quand
on lui demandait qui il était, il répondait ce qu’il savait, ce qui se disait
entre tous : qu’il était ce qu’il était devenu : tapette. Il se
pensait ainsi, et se vivait ainsi. Et il le faisait bien.
Revenons-en
à notre jeune adolescent entre deux temps en route pour le lycée.
Il tourna
au coin de la rue et se retrouva face à quatre hommes qui lui semblaient bien
peu aimables. L’un d’eux, dont la présence en faisait le chef du groupe, s’approcha.
-
C’est toi la tapette ? rugit-il alors.
-
Oui, répondit le jeune adolescent avec l’honnêteté rare
qui le caractérisait.
-
Et t’en es fier ? gronda un autre
Un coup partit. L’adolescent
tomba au sol sous la force du poing. La lèvre fendue, il se redressa sans
broncher, ramassa son sac et voulut reprendre son chemin sans un mot.
-
Où tu crois aller, ma belle ?
-
J’ai cours bientôt… souffla-t-il simplement.
-
Quel dommage, il ne faudrait pas que tu sois en retard.
Alors ils le laissèrent passer sans embrouilles et le jeune
adolescent entre deux temps pu assister à son cours sans retard. FIN.
Si
seulement….
La voix
grave était lourde de sarcasmes. L’adolescent fut retenu en arrière par la
lanière de son sac. Au sol, il encaissa les coups de pieds autant qu’il
pouvait. Des larmes coulaient le long de ses joues. Il avait mal ; quoi d’étonnant ?
Son bras et ses jambes le faisaient souffrir. L’un des hommes saisit une barre
qui trainait là et frappa. Un « crac » sec indiqua que le poids de
son corps sur la jambe de l’enfant l’avait brisée.
Bientôt il
ne ressemblait plus à rien, ni personne. Un dernier coup de pied lui défonça le
crâne au niveau du visage. La chaussure pénétra dans sa tête comme on écrase
une pomme de terre.
Ainsi
partit un adolescent entre deux temps qui était simplement comme on l’attendait
dans un monde intolérant, cruel et sans pitié.
Quand j'en ai entendu parler, je n'ai pas tout compris au premier abords. On m'a dit que c'était de sa faute à lui s'il était mort, qu'il jouait sur la provocation. Mais qui est le coupable ici ? Doit-on punir le monstre, ou ceux qui l'ont créé ? "L'homme est-il un monstre ou le monstre un homme ?"
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