Juste une (re)trouvaille faite en fouillant dans mon ordinateur.
* *
*
« J'en
ai marre !
-De
quoi ?
-D'eux.
-Eux
?
-Tous
ces gens qui se disent malheureux. Tous ces ados qui râlent contre
leurs parents, sous prétexte qu'ils sont trop stricts, trop sévères,
pas assez ceci, pas assez cela. C'est fatiguant. La vie doit elle
forcément être un concert de jérémiades puériles ? Les gens ne
voient-ils pas leur chance ?
-Et
vous, la voyez vous ?
-Ma
chance ? J'ai la chance d'être en vie, de pouvoir parler, marcher,
d'être libre de faire ce que je veux sans que personne ne puisse me
l'interdire.
-C'est
votre vie actuelle. Mais avant, comment était-ce ?
-Avant
? Avant quoi ?
-Avant
tout. Avant que vous ne grandissiez, que vous vous assagissiez, que
votre regard sur le monde ne change...
-Oh,
ce avant »
Un
silence gênant s'installa entre eux.
« Vous
ne vous en souvenez pas ?
-Si
je m'en souviens, justement.
-Comment
ça ?
-Je
n'avais pas la Chance.
-La
Chance ? Celle dont nous parlions plus tôt ?
-Cette
chance.
-Vous
pouvez expliquer ?
-Je
voudrais vous dire non mais vous allez me demander d'expliquer
pourquoi donc autant le faire. »
Il
se réinstalla plus confortablement dans son fauteuil tandis que son
interlocuteur affichait un petit sourire satisfait.
« Quand
j'étais gamin j'avais pas une vie facile. Elle était dure, triste,
douloureuse et moche. Mon père était un homme violent. Il me
faisait peur... Il me fait toujours peur. Il y a des lieux où je
refuse d'aller de peur de le voir. Bref... Il m'a pourrit la vie. En
fait il nous
a pourrit la vie. Il vomissait sa violence sur nous, son malheur sur
ses enfants... C'était insupportable. J'en garde un très mauvais
souvenir. Alors maintenant quand je vois des enfants jouer avec leur
père, voir celui poser sa main sur leur enfant, sans lui faire de
mal, juste pour lui montrer qu'il l'aime, dans ces moments j'ai mal,
parfois je pleure. Mais bon.. c'est leur vie, et moi j'ai eu la
mienne.
-La
vie ? Je ne crois pas. C'est anormal que l'on se comporte ainsi avec
ses propres enfants !
-Parce
qu'avec les autres on peut ?
-Non,
surtout pas. Je voulais dire, c'est anormal que l'on se comporte
ainsi tout court. Que ce soit avec ses enfants, ceux des autres ou
avec ces autres. L'homme doit respecter la pureté de son voisin. Et
si celui-ci est malade, qu'il l'aide et ne le laisse pas dépérir.
-J'aurais
du aidé mon père ? Mais j'ai essayé vous savez. J'étais là quand
il était pas bien, j'avais mal quand il avait mal, j'ai essayé de
l'aider...
-Quel
âge aviez-vous ?
-8
ans.
-Ce
n'était pas votre rôle. Et ça ne l'est toujours pas. Il y a des
personnes spécialisés pour être aidé...
-Comme
vous ?
-En
effet. Vous père n'avez pas à vous imposer ce rôle de soutien.
-Je
n'avais pas que ce rôle. Je vous disais qu'il était violent. C'est
parce que j'en ai fait les frais. Pas que moi je vous rassure... »
Le
psychologue parut sceptique
« Mouais,
ça n'a pas l'air de vous rassurer. Ce que je voulais dire c'est que
mon père avait la fâcheuse manie de taper tout ce qui bougeait
quand il était en colère. Mais c'est une autre histoire. Pour en
revenir à mon enfance... Je n'avais pas l'impression que ma mère
était très présente pour moi. J'avais même l'impression qu'elle
voulait s'éloigner de moi, ou m'éloigner, moi.
-Je
vois. Pour résumé vous ne vous sentiez pas vraiment bien chez
vous...
-En
gros c'est ça. J'aurai aimé avoir des parents plus présents,
autant physiquement, que mentalement. C'est pour ça que j'en ai
marre des autres qui s'énervent pour un rien. Ils sont toujours là,
à se plaindre. Mais moi j'aurai aimé avoir une mère toujours
derrière mon dos, qui me répète sans arrêts de faire ci et çà
de telle ou telle façon. J'aimerai qu'elle fasse plus attention à
moi, qu'elle me donne des horaires le soir quand je sors, qu'elle me
dise quoi faire pour manger, quand elle n'est pas là, qu'elle me
dise de faire attention à moi en vélo... Je pense que les gens ne
se rendent pas compte de la chance qu'ils ont avant de l'avoir
perdu... »
Bonsoir,
RépondreSupprimerMalgré l'absence de commentaires sur ce blog, je m'aventure à y laisser celui-ci. J'ai consacré un certain temps à lire et à observer ton blog. Je tenais à dire que ce que tu en fais est remarquable. Je t'avourais que certains de tes articles m'ont ému jusqu'aux larmes.
Tu excuseras ce manques d'originalité et ce trop plein de niaiserie mais je souhaitais simplement te féliciter pour ton talent.
Sincèrement,
Ivecom.
Bonsoir Ivecom,
SupprimerTout d'abord, merci d'avoir passé (perdu ? :D) ton temps par ici, ça me touche déjà. Ensuite, ce que tu me dis me va droit au coeur. J'ai pour but de faire partager avec autrui ; partager de la joie, des sourires mais aussi parfois un peu de tristesse parce que c'est le tout qui compose la vie.
Merci à toi, j'espère te revoir bientôt.
Jibey