Alors
que ma vie d’étudiant stagnait misérablement, je me suis rendu compte d’une
chose assez grave : Je détestais mes études. Ce fut le début d’une longue
descente aux enfers. Loin de m’imaginer
tout ce à quoi ce simple constat allait m’ammener, je continuais vaguement ma
vie comme si de rien n’était. Avec le recul, c’est ici que l’on se rend compte
de son erreur.
Quand
on fait un tel constat, la plupart des gens auraient tendance à réagir, à
chercher quelque chose de neuf dans quoi se reconvertir. Ils se battraient avec
eux-mêmes pour trouver leur voie. Mais je n’en fut rien. Je suis du genre
étudiant blasé. Mes études ne ma plaisaient plus et qu’ai-je fait ? rien
du tout. Je suis resté là, assis au fond de la salle de cour à ne pas suivre ce
que le professeur disait de sa grosse fois ponctuée d’un accent maghrébin.
Malgré le fort taux de décibel qu’il dégageait, je trouvais toujours le moyen
de m’endormir pendant son cours, comme dans presque tous mes cours à vrai dire.
« La
nuit porte conseil » m’a-t-on souvent répété. Seulement voilà, la nuit je
ne dormais pas. Loin de réviser ou de chercher une autre formation, je glanais
naïvement allongé sur mon lit, l’écran de mon ordinateur pour seule lumière.
J’étais la réincarnation d’un Dyonisos flemmard qui attendait que tout lui
tombe tout cru dans le bec.
Dans
le bec, j’en ai eu des choses, mais pas de la nourriture. Non plutôt une grosse
claque bien virulente, au propre comme au figuré. J’ai soudainement atterri sur
Terre après des mois de dérive dans un espace vide de tous sens et de tous
chemins. Il aura fallu une note catastrophique pour prendre conscience de mon
état de larve.
Dès
lors tout s’est enchaîné assez vite mais pas assez pour faire un effet
stylistique en ne faisant que citer les évènements sans les expliquer.
Tout
d’abord il y a eu une prise de contact avec une gentille dame, que l’on nommera
madame A, pour tenter de trouver une voie qui m’irait mieux. Car rien ne sert
de chercher son chemin quand on ne sait pas où aller. Si on pouvait éviter de
refaire la même erreur que le premier choix, ça pouvait être pas mal. Madame A.
m’a donc fait réfléchir sur moi, sans me donner de réponse elle a su se
débrouiller pour que je me pose les bonnes questions. Avec sa petite taille et
son visage radieux, c’est une vraie Joséphine.
Avec
les bonnes questions sont venues les bonnes réponses. La première, mes études
demeurent intéressante mais ne me correspondent simplement pas ; que ce
soit au niveau du contenu ou au niveau des personnes, ce n’était vraiment pas
mon milieu. Il manquait ce petit plus qui m’a fait trouvé une voie : la
créativité.
Là
mon cerveau s’est directement emballé. Il fallait mettre de la créativité dans
tout ce capharnaüm cérébral et de l’ordre dans ma chambre, symbolique d’un
renouveau chez moi. En faisant justement ce ménage dans la montagne de bordel,
car il n’y a pas vraiment d’autre mot, j’en ai profité pour faire le tri de ce
à quoi je tenais vraiment. Et finalement j’ai eu deux tiroirs qui sont magiques
à mes yeux. Du dessins, au stade gribouillis de coin de table, et des écrits, au
stade j’ai bavé sur la feuille en dormant dessus. Révélation numéro deux :
sans le dessin et l’écriture, je ne suis plus moi. Il fallait donc que je
l’incorpore dans ma voie. Ces deux nouveaux critères m’ont directement mené,
aidé bien sûr par ce que je connaissais un peu via mes proches, au monde de la
publicité.
SURPRISE ! En
plus ce n’est pas totalement vrai, je suis d’abord passé par la bande-dessiné
avant de me dire que ce serait plus un loisir qu’un travail. Et du travail,
j’en ai encore avant de pondre quoique ce soit de correct. Quoiqu’il en soit
j’avais donc maintenant une idée plus nette du chemin à prendre. Afin de ne pas
me laisser bercer par une illusion féerique, il me semblait important de
découvrir pleinement les ficelles du métiers et la seule manière de le faire et
de mettre les pieds dans le plat.
On
ne nous le dit jamais mais il est toujours possible de faire des stages de
découverte professionnelle à n’importe quel âge ou n’importe quel niveau
d’étude. Il suffit juste de se bouger pour le trouver. Alors n’hésitez jamais
si un métier vous intéresse : prenez contact avec quelqu’un qui travail
dans la branche désirée, expliquez la situation et surtout vendez-vous. Cela
demande un travail personnel en amont pour trouver vos qualités, vos défauts et
les avantages d’un tel stage. On ne nous le dit pas non plus mais le meilleur
endroit pour trouver des professionnels est encore les pages jaunes. Alors
sautez dessus, armez-vous d’un téléphone et bonne chasse.
Un
petit indice : un tel stage doit être sur une courte durée et surtout gratuit pour l’entreprise. Ne
cherchez même pas à être payé car vous ne trouverez rien et surtout, dans la
plupart des cas, votre contribution à l’entreprise sera tout de même minime.
Autre
chose, ne baissez pas les bras. Un stage, quel qu’il soit ne tombe pas du ciel.
Vous aurez des refus, parfois virulents voire méchants, mais il ne faudra pas
s’y attarder et passer à autre chose. N’hésitez pas à jouer des relations, même
si elle semble tirées par les cheveux. C’est grâce à ça que j’ai moi-même trouvé mon
stage : une histoire d’anciens du même lycée mais qui ne se sont jamais
croisé du fait de leur dix années d’écart. On y croyait pas vraiment et
pourtant c’est arrivé.
Oui
aujourd’hui même je suis en stage dans une agence de communication sur Paris.
Alors que j’avais le ventre noué la minute avant de frapper à la porte, mon
stress s’est tout bonnement endormi quand cette dernière s’est ouverte,
dévoilant l’équipe que j’allais côtoyer pour une semaine. Une dizaine de jeunes
professionnels de la communication, blogger sur les bords et sans prises de
tête formaient l’agence. Situé dans un
petit appartement au rez-de-chaussée, l’ambiance est au travail certes mais
détendue.
Le
premier jour d’un stage, on ne sait pas vraiment quoi faire. Alors, le plus
souvent, la première mission qu’on nous donne est de retenir tous les prénoms
des personnes avec qui on passera le plus gros de nos journées. Mission
accomplie avant midi, mes amis. C’était mon premier exploit. J’espère
simplement que ce ne sera pas le seul.
Durant
la journée, mon maître de stage, un jeune parisien déluré mais très sérieux
dans son travail, me confie plusieurs tâches importantes sans être très
compliquées. Deuxième exploit : j’ai appris à faire des captures écrans
générales ou localisées sur mac. Ah oui, car dans le monde de la pub et de la
communication c’est uniquement sur mac. Mon pauvre petit Mary Poppers (un bel
Asus 17 pouces que j’ai eu pour le bac) risque de mal le prendre.
En
une journée j’ai appris pas mal de chose sur les agences de communication, sur
l’ambiance au travail, sur la dose de travail et surtout sur la pluralité des
tâches à effectuer. Il semblerait en plus que je sois arrivé dans l’agence au
bon moment car le premier jour de stage d’observation s’est conclu par une
soirée huppé dans un des plus connus des « Concept store » de Paris
(moi non plus je ne connaissais pas les concepts store ; c’est un
phénomène très parisien selon le chef de projet de l’agence). Pourquoi cette
soirée ? Pour le lancement d’une gamme de produit dont l’agence fait la
promotion. Dans ce genre de soirée, il semble commun de rencontrer des
personnalités influentes sur le public général. Mêlé à des illustres inconnus ou
des clients étrangers fortunés (à 17€ le stylo bic, il vaut mieux avoir de
l’argent), on rencontre des blogger, des publicistes ou simplement des
commerciaux. De même, au niveau des looks, on en voit de toutes les
couleurs, et ce n’est pas une métaphore.
Ce
lundi soir, j’ai pu voir un homme, dans la quarantaine, avec un look très
particulier, mais semblait lui sied à merveille. Une mèche de cheveux tombant sur son front
dégarni laissait croire à une chevelure dense. Il n’en était rien. Hormis une
mèche jumelle tombant sur la nuque, la crâne de cet étrange personnage était
rasé. Rien que sa coiffure en dit long sur lui. Cependant ce n’est pas tout.
Son visage était composé de lunettes rondes à effet plastique qui reposaient
sur des oreilles percées de nombreuses fois. Entre anneaux et diamants, ses
oreilles devaient faire la moitié de son poids à elles-seules. Ses habits se
composaient d’une chemisette d’écolier fermée au col par une sobre cravate
noire. Il s’équipait pour sortir d’une veste à carreaux grisée qui me semblait
plus longue que son short foncé. En résumé un style d’écolier des années 50 sur
un quarantenaire punk. A vos souhaits. Mais il n’était pas le seul déluré. J’ai
pu voir de loin une femme, typée africaine dans son look qui avait plus de
couleur dans les cheveux et sur les lèvres qu’il n’y en a dans un arc en ciel.
Je n’ai pas eu l’occasion de converser avec eux mais cela m’aurait sans doute
bien amusé. Je dois dire que les seuls mots que j’ai adressé au punk étaient « Excusez-moi, pourrais-je vous
demander d’emprunter l’autre escalier s’il-vous-plaît ? Il y a une
interview en cours ». Pas très engageant pour lancer une discussion.
Il
ne faut pas croire, mais même dans les soirées de lancement, on travaille. Mes
deux postes d’actions étaient : faire du repérage avec le chef de projet
pour trouver les cons angles de vues afin de réaliser une vidéo promotionnelle
du lancement de la gamme et limiter
l’accès d’un escalier aux gens qui voulaient monter pour ne pas perturber
l’interview. Je crois que mon moment préféré fut quand moi, un jeune blanc-bec
maigrichon ai du refouler le vigile, un mastodonte à la peau si foncée qu’on ne
savait pas quand commençait son col de chemise. Ce fut, je dois l’avouer,
jouissif d’avoir l’impression d’être plus fort que cette montagne imposante de
muscles.
Finalement
cette soirée fut plutôt sympa malgré mes appréhensions. J’ai pu discuter
rapidement (trop rapidement) avec un blogger assez sympa qui m’a donné
quelques conseils pour m’installer dans le monde de la comm’. C’est pourquoi je
reviens en force sur ce blog avec, je l’espère enfin, une ligne directrice.
Finie la fiction, du moins comme sujet principale, et bonjour la galère du
flemmard en études supérieures !
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